SEO & IA : quand le marché du search entame sa mue
- Par
Pollen
- Publié le
- 07/05/2025
- Temps de lecture
- 4min

Le bouleversement est silencieux mais décisif.
Longtemps dominé par le règne quasi-absolu de Google et le jeu bien huilé des mots-clés, le marché de la recherche d’information est en train de connaître sa plus grande transformation depuis vingt ans. En cause : l’irruption des intelligences artificielles génératives, qui ne se contentent plus d’indexer le web, mais prétendent désormais le synthétiser, le comprendre, voire s’y substituer.
La révolution est discrète mais dotée d’un fort pouvoir de disruption. Elle rebat les cartes du SEO, bouscule les stratégies marketing et force les entreprises à repenser leur présence digitale. Voici comment le search mute, et avec lui, toutes les règles qui structurent la découvrabilité sur Internet.
Le SEO est mort, vive le SEO
L’optimisation de la visibilité en ligne est cruciale pour les entreprises qui souhaitent rivaliser avec des acteurs établis. Selon une étude de First Page Sage, le premier résultat organique sur Google capterait en moyenne 39,8 % des clics.
Mais, l’époque où il suffisait d’optimiser quelques mots-clés pour atterrir en première position semble révolue. Avec la montée en puissance de l’IA générative, le référencement naturel entre dans une nouvelle ère : celle de la réponse optimisée, plus que du clic.
Les moteurs traditionnels comme Google intègrent de plus en plus de résultats enrichis, de snippets intelligents, voire de blocs générés par des IA qui synthétisent directement l’information. Certains groupes de presse majeurs se sont déjà emparés du sujet, et utilisent la rédaction de résumés optimisés pour Google Discover, non sans soulever les risques de désinformation et de plagiat d’une IA au service du référencement.
L'émergence du Generative Search Optimization (GSO)
ChatGPT, Perplexity ou Gemini court-circuitent purement et simplement le moteur de recherche, en livrant des réponses immédiates et contextualisées.
Si le marché reste largement en faveur du search (avec 5 000 milliards de recherches Google en 2024 contre 1,37 milliard par an sur ChatGPT), le media The Verge pointe cette nouvelle tendance : pour la première fois en 22 ans, le géant Apple aurait signalé une baisse du volume de recherches Google via Safari attribuée à l'adoption croissante d'outils d'IA comme ChatGPT et Perplexity.
Le résultat ? le nombre de recherches "sans clic" explose, et le rôle des sites web glisserait de destination finale vers une source d'autorité.

Marketing : nouvelle grammaire de l’acquisition à l’ère des IA
Le marketing digital voit-il ses fondations vaciller ?
Lorsque l’utilisateur ne "cherche" plus mais "demande", les requêtes ne se font plus par mots-clés mais en langage naturel. C’est tout le funnel d’acquisition qui doit être repensé.
Les points de contact se multiplient et se déplacent. Les internautes — et plus encore les plus jeunes — se tournent vers TikTok, Reddit, YouTube ou Discord pour comparer des solutions ou identifier des marques. Le réflexe Google s’érode au profit d’un usage plus social et conversationnel.
L’utilisateur n’est plus seul face à un moteur de recherche : il est accompagné d’agents intelligents. Ces assistants deviennent les nouveaux intermédiaires de l’offre et la demande qui arbitrent et sélectionnent selon des signaux forts de crédibilité.
Témoignages clients, démonstrations, preuves sociales, cas d’usage clairs sont les nouveaux atouts du marketing comme levier de réassurance autant que d’attraction.

Quand le produit drague l’IA :
Ce changement de paradigme a un effet direct sur la manière dont les équipes produit conçoivent, documentent et exposent leur offre.
Les caractéristiques clés, cas d’usage, différenciateurs et exemples concrets doivent être clairement exprimés, idéalement dans des formats structurés, publics et facilement utilisables par les IA.
La documentation technique en particulier, les FAQ détaillées, les pages comparatives ou les bases de connaissances deviennent des atouts majeurs de découvrabilité — non plus pour l’utilisateur final seulement, mais pour les modèles eux-mêmes.
L’interface n’est plus nécessairement un site ou une app, mais un agent conversationnel, un moteur de recommandation ou un comparateur automatisé. Les produits doivent être pensés pour exister au-delà de leur propre écosystème.
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