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Former les talents à l’IA en 2025 : mega trends, stratégies payantes et facteurs de succès en entreprise.

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Publié le
28/01/2025
Temps de lecture
8min

Le dernier rapport sur l’IA de McKinsey, Superagency in the workplace dresse un bilan éclairant de l’utilisation de l’IA en entreprise : 92% d’entre elles envisagent d’investir dans la GenAI dans les 3 prochaines années mais seulement 1% estiment être arrivées à maturité sur le sujet.

Au coeur de leur feuille de route, la montée en compétence des talents est une priorité : ces derniers sont les moteurs de l’innovation, un facteur clef de compétitivité sur le marché.

Alors, comment former les talents à l’IA, à l’heure où la technologie bouleverse notre façon de travailler ? Quelles stratégies mettre en place pour accompagner les talents face à cette nouvelle donne, et rendre son organisation “AI ready” ?

Se former aux basiques : une acculturation source d’opportunités… mais insuffisante

Le rapport McKinsey avance que plus de 30% des entreprises signalent avoir déjà intégré des formations à l’IA, via des programmes développés en interne comme en externe. Si les actions de formations sont considérées par les entreprises, la majorité se focalisent encore sur les fondamentaux (productivité & prompting sur ChatGPT et consorts, théorie, introduction aux biais).

Développer un langage commun et comprendre les fondamentaux est essentiel pour sensibiliser les talents aux opportunités liées à l’IA. Selon Francis Lelong, expert No-Code et Fondateur de Sarenza.com, des outils comme le No-Code pourraient répondre à des enjeux stratégiques pour les entreprises. L’utilisation d’outils accessibles capables d’automatiser certaines tâches complexes sans notions de code permettrait ainsi de couvrir le déficit de +1,4M de développeurs rencontré sur le marché américain, et plus largement, d’accélérer la création de solutions numériques et engranger de nombreux gains de productivité en entreprise.

La formation aux fondamentaux répond aussi aux biais de sur-confiance mis en évidence par l’effet Dunning Kruger, qui met en évidence l’existence de bias cognitifs bien présents dans le cas de l’intelligence artificielle. Les individus auraient ainsi tendance à surestimer leurs connaissances sur certains sujets en vogue, comme le prompt engineering.

Dans le cas de l’IA, cette fausse impression d’expertise peut s’avérer couteuse, à l’heure où les outils et les usages métiers se multiplient à une vitesse déconcertante. La formation offre ainsi une solution convaincante : elle répond à l’obsolescence rapide des compétences (de 30 ans en 1987 à 18 mois en 2024) et livre une grille de lecture pragmatique des défis soulevés par l’IA (éthique, data privacy, consommation des ressources).

Mais bien qu’essentielle et source d’opportunités, l’acculturation reste insuffisante pour les entreprises qui souhaitent intégrer durablement l’intelligence artificielle dans leur stratégie.

Considérer l’IA selon les enjeux métiers : s’appuyer sur l’expertise de terrain.

Se former aux cas d’usages spécifiques, identifier les enjeux de terrain et les gains de productivité potentiels : voilà comment faire de l’intelligence artificielle un véritable levier de compétitivité.

Andrei Sochala, VP Sales Monde d’Aircall et expert de l’intégration de l’IA au service de la productivité de ses équipes, raconte comment il est parvenu à faire gagner plus de 1600 heures aux commerciaux d’Aircall en automatisant des tâches quotidiennes comme la mise à jour du CRM ou encore la rédaction de mailings, avec des outils comme Attention et Gong.

Lorsqu’il revient sur cette expérience et analyse les facteurs de succès, Andreï y décrit une méthode de terrain bien identifiée : “nous avons cherché des outils basés sur des cas d'usages et pain points très spécifiques pour augmenter la productivité de nos équipes. Nous avons isolé ces tâches, mesuré le temps qu'elles prenaient, puis testé les outils pour voir s'ils en valaient la peine. L'objectif était de faire gagner de précieuses minutes à chaque commercial.”

Les acteurs de la formation l’ont bien compris. Dans un marché susceptible de peser près de 6 milliards d’ici fin 2025, où les outils spécialisés se multiplient, l’adaptation aux cas d’usages est essentielle pour répondre aux besoins des talents. Mais si l’offre par verticale ne cesse de se densifier, quels types de formats choisir pour maximiser l’apprentissage et favoriser l’intégration des meilleures pratiques ?

"L'apprentissage doit être ancré dans la réalité du marché. L'IA n'attend pas, et pour rester compétitif, il est essentiel d'apprendre auprès de ceux qui font, pas seulement de ceux qui en parlent. Chez Malt, nous cherchons toujours à connecter nos entreprises avec des experts indépendants qui vivent ces transformations au quotidien. Nous formons nos talents avec la même ambition."  Vincent Huguet, CEO @Malt

Privilégier les formats collaboratifs :

Parler d’humain lorsqu’on évoque l’intelligence artificielle peut ressembler à un paradoxe, mais dans un contexte où l’IA serait capable d’automatiser près de 45% des métiers, une transition vers des compétences humaines uniques comme la créativité et le problem thinking est largement attendue. À ce titre, les employeurs doivent opter pour des formations qui favorisent l’échange entre pairs et insistent sur la collaboration.

Second avantage indéniable, les formats actionnables et interactifs dopent l’engagement salarié et suscitent la prise d’initiative. Dans le cas de l’IA, l’apprentissage actif - reconnu pour son impact sur l’ancrage des compétences - pourrait ainsi être épaulé par des outils numériques capable de renforcer les acquis et suivre la progression des talents : un enjeu de long terme essentiel pour intégrer durablement le potentiel de l’IA en entreprise.

La pyramide d’apprentissage, ou comment maximiser l’engagement des talents en optant sur une pédagogie active.

Vision opérationnelle et stratégique : infuser une culture IA en entreprise

Plus qu’un ensemble de compétences techniques, la nécessité de construire une feuille de route globale demeure l’objectif principal des entreprises qui souhaitent intégrer l’IA dans leur stratégique. La tech américaine en tête, certains mastodontes comme Salesforce ou encore Amazon, misent sur leurs talents avec une ambition assumée : leur donner les clefs pour transformer leur organisation et rester des pionniers sur le marché.

En octobre 2024, le géant du commerce électronique a ainsi annoncé investir 50 millions d'euros pour former ses salariés en France d'ici 2030. En parallèle, l’initiative “AWS Skills to Jobs Tech Alliance” porté sur la même période, envisage de former 600 000 personnes aux compétences numériques, parmi lesquelles le cloud, l’IA et la sécurité.

Mais comment procéder ?

L’approche Amazon mêle analyse de marché et pragmatisme opérationnel. Les programmes de développement de compétences permettent à chaque salarié de réaliser son potentiel quel que soit le niveau initial (acculturation, utilisation de l’IA appliquée métier, usage avancé de la GenAI).

En parallèle, les formats se concentrent sur des thématiques stratégiques en forte demande sur le marché. La Gen AI, le cloud computing ou encore la Data sont des priorités identifiés, auxquelles l’ensemble des métiers doivent être équipés. Car plus qu’un problème de design et d’utilisation, l’IA est avant tout une affaire de donnée.

Innovation et créativité : les retombées potentielles des programmes au long cours.

Des gains productivité attendus, une marque employeur renforcée, une meilleure rétention des talents et une capacité à rester pionnier sur un marché marqué par une concurrence accrue, là sont les nombreuses retombées des programmes construits pour les talents.

Audrey Sautet, Senior Program Manager chez Doctolib revient sur l’impact du AI Upskilling Bootcamp, un programme conçu pour accompagner 400+ Professionnels Tech & Produit du leader de la prise de rendez-vous médicale.

“Nous sommes convaincus que l’IA peut largement bénéficier à nos produits. Nous l’utilisons pour servir les missions de Doctolib : améliorer le quotidien des soignants et faciliter l’accès aux soins pour des millions de patients. En ce sens, les programmes de formation sont des outils précieux : ils ont la capacité de nous aider à innover sur ces sujets avec des technologies de marché et ils sont un levier de motivation et d’inspiration très puissant pour les talents.”

Pour accroitre l’engagement des talents, le programme Doctolib a été construit avec des professionnels qui utilisent l’IA sur le terrain, au sein d’entreprises parmi les plus innovantes du marché. Il a pour ambition d’armer les talents sur des problématiques concrètes qu’ils sont susceptibles de rencontrer au quotidien : construire des produits à base d’IA, implémenter un data pipeline ou encore concevoir et évaluer son modèle d’IA.

Réalisé sur trois mois pour des product managers, designers et engineering manager, le format mêle cycle de Masterclass inspirantes et workshops sur mesure pour mettre ses connaissances à profit. Son objectif : maximiser la collaboration, l’engagement et susciter l’innovation, avec de premières applications dès les premiers jours de formation.

Se former à l’IA, une affaire d’humain avant tout.

Au delà des compétences, la capacité de tels programmes à répondre à certaines inquiétudes par la formation (transformation brutale des métiers, biais éthiques ou encore data privacy) en font un levier d’engagement précieux pour les talents en quête de sens.

Et si la nécessité de maîtriser l’IA reste de mise, des pionniers comme Sam Altman insistent sur une tendance qu’ils voient s’accentuer au fil des années : la démocratisation rapide des outils renforce paradoxalement la place pour de nouvelles expériences humaines exclusives et inédites.

L’émergence du LLM open source Deepseek (concurrent de ChatGPT) développé pour 10 millions d’euros illustre l’ampleur de cette nouvelle done. Les outils sont légion. L’enjeu ne réside plus dans la compréhension ou l’accès à une IA générale, mais bien dans notre capacité à l’utiliser intelligemment en entreprise.

Pour cela, la collaboration, l’innovation et la créativité n’ont jamais été aussi importantes. Les talents disposent avec l’IA d’un terrain de jeu sans précédent : un territoire profondément riche et complexe sur lesquelles ils pourront mener des projets véritablement innovants.